28 avril 2009

...que les études et les focus group=ok, pas plus



Suite à mon blogue d'hier, le Pickster m'écrit:

" En lisant ton blogue sur Coco, ça m'a fait penser à lui. Il a sorti encore un livre: ''À 10 000 heures du succès''. Je sais que t'avais aimé ''The tipping point'' et cette fois-ci, il récidive en disant ''Oubliez Le Secret et autres trucs du genre. Ce qui différencie les gens qui réussissent des autres, c'est les heures qu'ils y mettent''.

Il a fait des études et constaté que pour maîtriser un sujet ou un art, ça prenait 10 000 heures.

Et il donne l'exemple de Bill Gates qui, adolescent, était tellement passionné des nouveaux systèmes informatiques, qu'il avait atteint son 10 000 heures bien avant d'avoir terminé ses études. Et Coco, ben c'est ça: elle travaillait 10-12 heures par jour, 7 jours sur 7, elle détestait les dimanches."

Vous devez absolument vous mettre au parfum de ce qu'a écrit Malcom Gladwell. J'ai lu ses deux premiers livres, mais pas celui dont le Pickster parle ici.

Malcom Gladwell a écrit un livre, "Le point de bascule", qui donne plusieurs exemples de ce qui fait finalement la différence entre un succès et un échec, ou ce qui les cause vraiment.

Son exemple le plus intéressant est celui du nouveau Coke. Il démontre que les responsables du marketing de Coca-Cola, qui avaient décidé de changer la formule et le goût du Coke pour contrer la montée de Pepsi Cola, se sont gourés complètement malgré leurs tonnes d'étude et de "focus group". Principalement, il démontre qu'il y a une grande différence entre un test à l'aveuglette, les yeux bandés, à boire une ou deux gorgées dans un laboratoire, et l'expérience de boire une bouteille de Coke dehors sur une terrasse. Et que les réponses des testeurs seront biaisées en conséquence.

Ça me rappelle une anecdote savoureuse. Lorsque je suis arrivé à Énergie Québec en août 2005, la station avait commandé une étude pour savoir le taux de notoriété et d'appréciation de leurs animateurs. J'étais arrivé premier en notoriété (la plupart des animateurs radio de Québec n'ont pas fait de télévision nationale) mais bon dernier en appréciation (les gens me connaissaient, mais la moitié ne m'aimaient pas, ou du moins c'est ce qu'ils répondaient pour le sondage). Normalement, je n'aurais pas dû être en ondes, ou encore moins avoir du succès. Un peu plus de 6 mois plus tard, j'avais pourtant le quart d'heure le plus écouté de la région de Québec.

L'inverse peut être tout aussi vrai. Un animateur très populaire à la télé peut n'avoir aucun intérêt sur une base quotidienne, ou dans un autre média. Mais bien sûr, si on demande à Mme Tartempion si elle aime tel ou tel artiste, qu'on voit partout, elle répondra oui. Et tout le monde sera heureux d'avoir bien fait de l'engager...jusqu'à temps que les PPM sortent (les PPM sont une nouvelle méthode de sondage qui mesure, en temps réel, la performance des émissions de radio de Montréal, ce qui diminue l'impact des publicités que font les stations, pour influencer les auditeurs dans leur choix lorsque les anciens cahiers de sondage étaient la méthode utilisée. En bref, avant, on savait ce que les gens disaient écouter et maintenant, on sait plus ce qu'ils écoutent vraiment). Un exemple parmi 1000 qu'il est plus facile de s'en remettre à une étude que d'avoir du vrai flair.

Malcom Gladwell pense comme un expert dans un domaine précis. Le pire, c'est que sa façon de voir les choses s'appliquent à presque tout. Encore fait-il que ton boss te laisse mettre en place les choses :)