...qu'Érick Remy peut garder la tête haute

Très intéressante entrevue ce matin dans La Presse avec Erick Rémy concernant son aventure avec Monsieur Showbizz à TQS.

«Et as-tu déjà autant entendu parler d'une émission qui a duré six mois?» lance l'animateur. En effet, cible de toutes les blagues, Erick et sa conjointe Josée Perrier ont dû faire de la télé sans moyens, comme Benoît Gagnon tout de suite après.

La phrase clé de son entrevue est celle-ci: «Il y avait quelque chose de risible, dit Érick Rémy. Mais quand on regarde quelque chose de l'extérieur et qu'on ne peut pas comprendre comment ça marche à l'intérieur, c'est facile de critiquer.»

C'est pareil dans tous les métiers, à la différence que seule la télé donne l'occasion à tout le monde de donner son opinion. Si votre comptable fait une erreur parce qu'il n'a pas les moyens de bien faire son travail, vous ne verrez rien. Si votre avocat perd votre cause parce qu'il était saoul la veille, ce sera la faute du juge, et vous ne verrez rien.

Par contre, si ça passe à la télé, et que vous ne connaissez pas le contexte réel de la production, vous jugerez quand même. Tout le monde a une opinion sur les artisans de la télé, mais pas sur le travail des fonctionnaires.

Lorsque des humoristes font des numéros à la télé enregistrés dans des contextes inappropriés, on les juge quand même sur les réactions entendues. Essayez de faire rire aux éclats une petite foule composée de cardiaques de l'Hôtel-Dieu de Levis qui ont leur sortie du mois et parlez-moi de l'expérience après. Et si vous faites la gaffe en plus d'enregistrer le tout pour que ça passe à la télé, les gens dans leur salon vont vous trouver plate. "Ça rit pas fort, il est pas drôle" C'est comme ça. (L'exemple n'est pas fictif, ça s'apellait "Les démons du midi")

Faire de la radio sans moyen c'est tout à fait possible. La télé par contre impose des codes que le public ne prend pas le temps d'analyser, et c'est tout à fait normal.

Lors de la première saison de Testostérone à TQS, nous avions un décor hideux, plus cheap que cheap. On me disait:"Les gens n'écoutent pas une émission pour son décor" Vrai. Mais le décor influence le contexte de l'écoute, sans qu'on s'en rende compte. Une émission d'humour irrévérencieuse dans un décor de cour à scrap aide à se faire haïr par une partie de l'auditoire. L'année d'après, nous avions un décor génial. On pouvait déconner sans passer pour des dégénérés, du moins un peu moins. La première impression avait quand même été faite. L'heure d'écoute, le look de l'émission, les ressources pour la préparer, tous des facteurs qui ont une influence sur la perception une fois en onde.

Est-ce qu'Érick aurait dû dire non à cette offre? Facile à dire après coup. Dans le showbizz, c'est rempli de gens qui sont excellents pour vous dire pourquoi un projet n'a pas marché. Ma mère est très bonne aussi pour dire si elle aime ou non telle ou telle émission de télé; ça n'en fait pas une productrice pour autant. Ceux qui sont bons, c'est ceux qui vont vous dire à l'avance pourquoi celui-ci va fonctionner, ou pas. Et ce n'est pas à l'animateur que revient cette expertise.

Erick ne porte pas du tout le poids de cette mésaventure. Et il y aura d'autres projets qui seront voués à l'échec dès le départ mais qui iront en ondes pareil. Pas grave. On s'essuie, pis on recommence :)